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Dyskinésie de l'épaule

En travaillant sur un plan d'entrainement pour un client avec de la douleur aux 2 épaules, je me suis mis à lire et relire la lettre de sa physiothérapeute qui me mentionnait de "mettre une emphase particulière sur le bon contrôle scapulaire et le renforcement des stabilisateurs de l'épaule".


J'ai ensuite cru bon de mettre mon analyse "générale" ici, parce que je crois qu'il est toujours important d'être critique et de vérifier le "pourquoi" de notre logique comme professionnels.


Alors il peut sembler logique de suggérer que si l'omoplate est dyskinésique (avec activité musculaire anormale), elle contribue au syndrome douloureux de l'épaule. Il serait donc aussi logique de penser que la dyskinésie se présenterait davantage chez ceux qui se plaignent de douleurs à l'épaule et moins chez ceux qui ne s'en plaignent pas, non? Pourtant, des études antérieures ont examinées s'il existait une telle association entre la dyskinésie, mesurée de différentes manières, et la douleur à l'épaule, et ont conclu que les preuves ne supportaient pas une telle théorie! (Catlin et al. 1995; Lucasiewicz et al. 1999). Cette preuve met en évidence que la dyskinésie de l'omoplate est présente chez les personnes souffrant ou non de syndromes douloureux à l'épaule.


Ça voudrait donc dire que ça ne devient pas une "priorité pour moi" dans l'entrainement puisque ce n'est pas nécessairement parce que mon client corrige sa dyskinésie qu'il va avoir moins mal....! Tu me suis?


De plus, une étude récente a évalué le mouvement de l'omoplate chez des sujets en bonne santé (Morais et Pascoal, 2013). En comparaison avec l'omoplate de l'épaule non dominante, cette étude a révélé que l'omoplate de l'épaule dominante présentait une plus grande rétraction et une plus grande rotation vers le haut en tous les points au cours de l'élévation du bras. Cette découverte est intéressante car la présence, l’absence ou la pertinence de la dyskinésie de l’omoplate dans un syndrome douloureux de l’épaule est souvent identifiée par rapport à l’épaule asymptomatique. Cette étude remet en question la validité d'un tel processus d'évaluation et souligne également la présence de différences de mouvement relatives dans l'omoplate d'individus asymptomatiques ou en bonne santé.


EN PLUS....

Il existe de nombreuses approches différentes pour évaluer la dyskinésie de l'omoplate, y compris des approches statiques, dynamiques,... Si l'omoplate dyskinésique est un "diagnostic" sur lequel un traitement est prescrit, il semble juste de suggérer que les praticiens devraient pouvoir se mettre d'accord sur sa présence ou son absence et sur sa pertinence lors de l'évaluation de leurs patients. De nombreux chercheurs ont cherché à savoir si les thérapeutes pouvaient détecter de manière fiable une dyskinésie considérée comme cliniquement significative au cours des dernières années et ils signalent généralement des niveaux de fiabilité médiocres (Ellenbecker et al. 2012). Cela signifie que, alors qu'un pratiquant pourrait suggérer qu'il y a un écart par rapport à la normale, il est fort probable qu'un autre pratiquant ne soit pas d'accord. Par conséquent, même si la dyskinésie de l'omoplate est liée au syndrome de la douleur à l'épaule, est-ce une base crédible sur laquelle prescrire un traitement?

Ça permet de remettre en question la crédibilité de cette approche....!


Mes questions relativement à la pertinence et à l’évaluation de l'épaule dyskinésique et à la valeur des exercices de stabilisation de la scapula, soulèvent un certain nombre de conséquences pour la pratique. Premièrement, si la pertinence de l'omoplate dyskinésique est discutable et que les praticiens ne sont pas en mesure d'identifier de manière fiable sa présence, il semble raisonnable de suggérer que le temps passé à évaluer les patients de cette manière constitue une utilisation inefficace des ressources. Deuxièmement, si les exercices de stabilisation de l'omoplate ne corrigent pas de manière significative les aberrations de mouvement ou ne confèrent pas de résultats supérieurs à d'autres approches existantes, il semble également raisonnable de suggérer que la prescription d'un traitement dans le but explicite de corriger les aberrations de mouvement est mal guidée et non fondée sur des preuves. Bien qu’une telle approche repose sur de solides arguments théoriques, elle n’est généralement pas corroborée par les recherches menées à ce jour.


Serait-il le temps de faire une pause et de réfléchir à la pertinence de la dyskinésie de l'omoplate et à la logique qui sous-tend les exercices de stabilisation de l'omoplate?


Dans tout les cas, mes lectures ne me portent pas à "focusser" sur des exercices de contrôle et de stabilisation de la scapula pour mon client...!


Merci d'avoir lu ma montée de lait du moment!


Andrée-Anne

kinésiologue

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